Un fruit pour la main droite, 2011 (A fruit for the right hand)

Installation in three parts:

Part I: Video / sound / perfume installation (DV PAL, 4.11min, shown in black box) based on fictional written correspondence with Francis Ponge

Part II: Wall painting and drawing

Part III: Performance with painter Elodie Boutry (May 5th 2011)

First shown in Convivio at the centre d’art contemporain Micro’ Onde(Vélizy, April-September 2011 FR)

Reconstructed for solo show Objets Reposés at M_Museum (Leuven, June-September 2012 BE)

Preface to the project Sense Correspondence

 

Part III: Culinary Performance by Ines Lechleitner with Élodie Boutry: step 1

In a fictional correspondence Francis Ponge answered Lechleitner’s invitation to participate in her Sense Correspondence project by sending her his prose poem ‘L’abricot’. Un fruit pour la main droite is a multi sensory transposition of this poem. As the poet chose to stay very close to the initial object he was referring to - in this case the apricot- Ines Lechleitner chooses the poem and the fruit itself as her exploration’s starting points. The installation Un fruit pour la main droite traces in image, sound, smell, drawing and performance various aspects of the apricot and leads from the French poem to the cooking of a traditional Austrian dish called ‘Marillenknödel’ (apricot dumplings). The preparation of this dish is present in the soundtrack of the video, described in the drawing and finally performed in collaboration with the painter Elodie Boutry.

 


Full version of Part I: Video 4.11 min, sound, perfume

Installation view of the black video box and the orange performance space

The letter adressed to Ponge:

 

Cher Francis Ponge,

Je suis artiste plasticienne et je mène un projet intitulé ‘sens / correspondence’ auquel je souhaiterais vous associer. Ce projet explore l’interchangeabilité de nos sens et de quelle façon une expérience sensorielle peut être transposée. Il est fondé sur un principe de dialogues et de correspondances. Je propose ainsi à des artistes, écrivains et scientifiques de choisir un objet ou une action qu’ils transposent sous forme de son, dessin ou par écrit. Ces contributions constituent une collection, une archive d’idées, dont j’active certains fragments sous forme de nouveaux dispositifs à l’occasion de chaque exposition. Je voulais alors vous prier de participer à ce projet en m’envoyant un texte de votre choix. Votre texte pourra constituer l’élément clefs de ma première installation qui sera la préface de ce projet. Je vous remercie par avance pour votre précieuse contribution et vous transmets mes plus respectueuses salutations,

Ines Lechleitner

 

Ponge's fictional answer: (English translation can be found as subtitles in the video- PartI)

 

L'abricot


La couleur abricot, qui d’abord nous contacte, après s’être massée en abondance heureuse et bouclée dans la forme du fruit,
s’y trouve par miracle en tout point de la pulpe aussi fort que la saveur soutenue.

 

Si ce n’est donc jamais qu’une chose petite, ronde, sous la portée presque sans pédoncule, durant au tympanon pendant plusieurs mesures dans la gamme des orangés,
Toutefois, il s’agit d’une note insistante, majeure.
Mais cette lune, dans son halo, ne s’entend qu’à mots couverts, à feu doux, et comme sous l’effet de la pédale de feutre.
Ses rayons les plus vifs sont dardés vers son centre. Son rinforzando lui est intérieur.

 

Nulle autre division n’y est d’ailleurs préparée, qu’en deux : c’est un cul d’ange à la renverse, ou d’enfant-jésus sur la nappe, 

Et le bran vénitien qui s’amasse en son centre, s’y montre sous le doigt dans la fente ébauché.
On voit déjà par là ce qui, l’éloignant de l’orange, le rapprocherait de l’amande verte, par exemple. 

Mais le feutre dont je parlais ne dissimule ici aucun bâti de bois blanc, aucune déception, aucun leurre :
aucun échafaudage pour le studio. 

Non. Sous un tégument des plus fins : moins qu’une peau de pêche : une buée, un rien de matité duveteuse – et qui n’a nul besoin d’être ôté, car ce n’est que le simple retournement par pudeur de la dernière tunique – nous mordons ici en pleine réalité, accueillante et fraîche.

 

Pour les dimensions, une sorte de prune en somme, mais d’une tout autre farine et qui,
loin de se fondre en liquide bientôt, tournerait plutôt à la confiture. 

Oui, il en est comme de deux cuillerées de confiture accolées.

 

Et voici donc la palourde des vergers, par quoi nous est confiée aussitôt, au lieu de l’humeur de la mer,
celle de la terre ferme et de l’espace des oiseaux, dans une région d’ailleurs favorisée par le soleil. 

Son climat, moins marmoréen, moins glacial que celui de la poire, rappellerait plutôt celui de la tuile ronde, méditerranéenne ou chinoise.

 

Voici, n’en doutons pas, un fruit pour la main droite, fait pour être porté à la bouche aussitôt. 

On n’en ferait qu’une bouchée, n’était ce noyau fort dur et relativement importun qu’il y a,
si bien qu’on en fait plutôt deux, et au maximum quatre.

 

C’est alors, en effet, qu’il vient à nos lèvres, ce noyau, d’un merveilleux blond auburn très foncé. 

Comme un soleil vu sous l’éclipse à travers un verre fumé, il jette feux et flammes.

 

Oui, souvent adorné encore d’oripeaux de pulpe, un vrai soleil more-de-Venise, d’un caractère fort renfermé, sombre et jaloux. 

Pource qu’il porte avec colère – contre les risques d’avorter – et fronçant un sourcil dur voudrait enfouir au sol la
responsabilité entière de l’arbre, qui fleurit rose au printemps.

Francis Ponge, Pièces


Part II: wall painting and drawing: from the poem to the preparation of 'Marillenknödeln'. For magnification click on the image

Installation view of Part II

PART III: Culinary Performance by Ines Lechleitner with Élodie Boutry based on the apricot and the poem ‘L’abricot’ by Francis Ponge. Performed on May 5th, 2011, during the exhibition ‘Convivio’ at Micro’Onde, Centre d’art contemporain de l’Onde, Vèlizy, France.

The steps of the performance alternated with Fabien Vallos’ conference ‘Figures de la Festivité’.

Step 0: La couleur abricot, qui d’abord nous contacte (The apricot’s color strikes us first)

Serving of soup (carrot orange)- same colour as the wall

Step 1: Nulle autre division n’y est d’aillieurs préparée, qu’en deux (The only possible division that presents itself is into halves)

In space 1, Ines Lechleitner devides the apricots in half and replaces each pit with a piece of sugar while Élodie Boutry starts painting dots the size of an apricot in relation and response to L.’s movements.

Step 2: ... bâti de bois blanc... échafaudage pour le studio. (... jerry-built frame... studio mock-up)

Ines L. covers the apricots with the dough and forms them into ball shape. Élody B. traces dots on the grey wall - a dot for a shape being formed. Ines L. throws ‘Marillenknödel’ in the water, they boil.

Step 3: Voici, n’en doutons pas, un fruit pour la main droite, fait pour être porté à la bouche aussitôt. (Here, no doubt at all, is a fruit for the right hand, made to be carried immediately to the mouth.) Rolling of the ‘Marillenknödel’in final coating of breadcrumbs, butter and sugar. The dish is served and the performance ends.


Part III: Culinary Performance by Ines Lechleitner with Élodie Boutry: step 1

Part III: step 2

Part III: step 3

Part III: step 3

Un fruit pour la main droite, Installation views during Objets Reposés show at M Museum (Leuven, June - September 2012 BE)